13 oct Marc Dachy マルク・ダシー

Marc Dachy, historien de l’art et écrivain, grand spécialiste du mouvement Dada et fondateur en 1975 de la revue Luna Park, est mort le 8 octobre 2015 à Paris.
Il avait été pensionnaire à la Villa Kujoyama en 2000 afin de préparer son livre intitulé Dada au Japon (PUF 2002)

Voici quelques notes préparatoires de son projet :

Il s’agit d’introduire un travail sur l’ensemble des avant-gardes et de mettre en valeur le rôle des Japonais dans le mouvement Dada d’une part, à l’époque historique de ce mouvement, mais surtout l’avant-garde néo-Dada (les Néo Dada Organizers, Gutai, notamment ) dans l’avant-garde contemporaine, soit également Fluxus Japon, dont j’ai le bonheur de connaître personnellement et de longue date quelques représentants (par exemple Takehisa Kosugi, actuel directeur musical de la compagnie de ballets Merce Cunningham, position dans laquelle il a succédé à John Cage).

Mes motivations doivent-elles être commentées ? A l’origine de mon intérêt pour les avant-gardes dada, constructivistes, Fluxus, dont j’ai pu faire état soit à l’occasion de la publication du Journal du Mouvement Dada (1989) soit à l’occasion de la biennale d’art contemporain de Lyon, Et tous ils changent le monde (Lyon, 1993), il y a la découverte de l’œuvre de John Cage, rencontré grâce à mon ami Jacques Bekaert, auteur dès 1972 d’un livre-boîte sur John Cage, ainsi que la découverte de l’œuvre de William S.Burroughs, et une amitié avec Brion Gysin, inventeur du cut-up, tous auteurs que j’ai invités à participer naguère à la revue Luna-Park.

Ce que je sous-entends en vous confiant cet élément anecdotique personnel, c’est que j’imagine que pour la plupart d’entre nous notre regard sur les premières avant-gardes est conditionné par notre rapport et notre connaissance des avant-gardes contemporaines (l’existence de Cage et Cunnigham aujourd’hui, leur rapport à l’aléatoire modifient notre regard sur Tzara, par exemple). De sorte que mon intérêt pour les avant-gardes historiques vient d’abord d’un intérêt en temps direct pour l’avant-garde contemporaine.

Ce qui s’est passé dans l’avant-garde au Japon paraît de grand intérêt et peu connu en Europe. Plusieurs points de rencontres, d’intersection d’ensembles, méritent d’être explorés dans les arts d’avant-garde de ces deux cultures, les allusions au bouddhisme par exemple dans l’œuvre de Tristan Tzara ou au Zen chez Cage et d’autre part l’avant-garde japonaise entretient que ce soit via Gutai ou les Neo dada organizers ou Arakawa, elle aussi, un rapport à explorer avec les premières avant-gardes japonaises (Murayama, le groupe et la revue MAVO, le « constructivisme conscient », etc.) mais aussi européennes.

Je souhaite donc explorer attentivement et révéler autant que possible ces pans des avant-gardes japonaises, non seulement pour elles-mêmes mais dans le cadre d’un travail global sur les théories de l’art, d’autant que les pistes existent et qu’il faut les emprunter pour inventorier et exalter ce territoire qui me paraît fertile et enthousiasmant.

Marc Dachy, 1999