Accueil Histoire et projet

Histoire et projet


Aux origines de la Villa Kujoyama

En 1927, la création d'un Institut franco-japonais sur le Mont Higashi

Les prémices de la Villa Kujoyama s’inscrivent dans une coopération culturelle étroite entre la France et le Japon initiée au début du XXe siècle. 

C’est en 1924 que la première pierre de ce dialogue est posée, avec la création d’une Maison franco-japonaise à Tokyo. A l’initiative de ce projet : le poète et diplomate Paul Claudel, alors ambassadeur de France au Japon, et l’industriel Eiichi Shibusawa, mieux connu sous le nom de “père du capitalisme japonais”. Leur vision : fonder un établissement de recherche dédié à la promotion des échanges scientifiques et culturels entre les deux pays. 

Deux ans plus tard, en 1926, Paul Claudel, préoccupé de l’absence d’établissement culturel français dans le Kansai, aspire à fonder une institution exclusivement dédiée aux échanges artistiques et intellectuels, à la diffusion culturelle et à l’enseignement linguistique, qui s’adresserait en priorité aux communautés étudiantes.  

Paul Claudel s’associe alors à l’industriel francophile Katsutarô Inabata, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Osaka. Ensemble, ils parviennent à réunir autour d’eux un cercle de Japonais francophiles s’engageant à rassembler les fonds nécessaires à la construction d’un “Institut franco-japonais du Kansai”. L’État français, de son côté, s’engage à en assurer la gestion et le bon fonctionnement. Une fondation est créée afin de réunir tous les partenaires : la Société de Rapprochement intellectuel franco-japonais. 

Le 5 novembre 1927, le nouvel Institut franco-japonais du Kansai est officiellement inauguré au pied du Mont Higashi, sur le terrain choisi par Katsutarô Inabata. A cette date, Paul Claudel a déjà rejoint les Etats-Unis où il vient d’être nommé Ambassadeur à Washington. Il n’en demeure pas moins que le poète a ouvert une voie pérenne aux échanges franco-japonais. 


1936 – 1992

Après le sommeil du Mont Higashi, l’éveil de la Villa Kujoyama

Moins de dix ans après sa création, les activités de l’Institut franco-japonais du Kansai sont transférées, en 1936, à proximité de l’Université de Kyoto : le quartier offrait alors un accès plus direct au centre-ville et à la vie étudiante. 

L’emplacement originel de l’Institut franco-japonais du Kansai, perché dans les hauteurs et difficile d’accès, entre dans une longue période de sommeil. En 1981, plusieurs éboulements contraignent même à la démolition du bâtiment. Endettée par cette opération, la Société de Rapprochement envisage la cession du site. 

En 1986, cette dernière fit même savoir au gouvernement français qu’un acquéreur était prêt à racheter le terrain. Le Quai d’Orsay envoie en conséquence une mission sur les lieux, qui conclut à une autre issue possible : celle de redonner vie à ce site unique, à flanc de montagne et ceinturé d’une végétation luxuriante, en y installant une résidence d’artistes. 

Il s’agissait alors d’un concept inédit au Japon mais en vogue en Europe. C’est à Michel Wassermann, tout juste nommé Directeur de l’Institut franco-japonais du Kansai, que revient la mission de prospection, dès 1986, tandis que la même année, le Conseil d’Administration de la Société de Rapprochement valide le projet. 

Trois années seront nécessaires pour réunir les fonds, avec le soutien des grandes entreprises du Kansai, de la ville et de la préfecture de Kyoto, et trois années supplémentaires pour obtenir le permis de construire. À la tête de l’opération de réunion des financements : Katsuo Inabata, petit-fils de Katsutarô Inabata qui avait œuvré avec Paul Claudel à l’établissement de l’Institut franco-japonais.  

Le chantier de construction de la Villa Kujoyama débute en janvier 1991 et dure 18 mois. Le 1er octobre 1992, les premiers résidents de la Villa Kujoyama viennent y déposer leurs valises. 


1992-2014

Naissance de la première résidence française d’artistes en Asie

L’inauguration officielle de la Villa Kujoyama a lieu le 5 novembre 1992, soit, hasard du calendrier, 65 ans jour pour jour après celle de l’Institut franco-japonais du Kansai. 

Ce jour-là, le philosophe et académicien Michel Serres prononce un magnifique discours intitulé “Pour célébrer l’échange”, dont voici un extrait : 

« Cette bande, cet espace blanc, tiers lieu d’utopie entre, ici, le Japon et la France, là-bas, un échangeur ou sas entre toute différence, donnons-lui le nom immense d’univers, terme universel qui veut dire que toutes les choses versent ou roulent autour d’une unité, dont le secret transparent se faufile et s’insinue à travers leurs différentiations. Lieu éminent du bouquet de nos relations, Kujoyama fut construit et va fonctionner comme un échangeur. Qui sommes-nous aujourd’hui réunis sur ce nœud routier. Des échangeurs vivants, des bouquets de sens. Comme des anges porteurs de messages, nous devrions tous nous vêtir de kimonos blancs, des couleurs diverses conjonction universelle. » 

1992 - 2012 : Deux décennies de création à la Villa Kujoyama

La première année qui suit sa fondation, la Villa Kujoyama est pensée comme une résidence de recherche à la fois artistique et scientifique. Cette programmation initiale s’explique par le contexte académique de Kyoto, ville universitaire par excellence, et par la volonté des mécènes japonais de voir des chercheurs intégrés au projet. 

Toutefois, dès sa seconde année d’existence, la Villa évolue vers un positionnement exclusivement artistique ; une orientation confirmée par le succès des présentations organisées sur place, suscitant l’intérêt des professionnels culturels japonais de Tokyo aussi bien que de Kyoto.  

À cette époque, la Villa Kujoyama fonctionne comme une annexe de l’Institut français du Kansai. En 20 ans, 7 directions se succèdent à la tête de l’établissement :  

1986 - 1994 : Michel Wasserman
1994 - 1998 : Claude Hudelot 
1998 - 2000 : Jérôme Delormas 
2000 - 2002 : Jean-Claude Duthion 
2002 - 2006 : Pierre Fournier 
2006 - 2010 : Jean-Paul Ollivier 
2010 - 2013 : Philippe Janvier-Kamiyama 

2012 - 2014 : Les années de rénovation

En 2012, après 20 ans d’activité, la Villa Kujoyama ferme ses portes pour deux années de rénovation. 

Une forte mobilisation, ainsi que le soutien essentiel de la Fondation Pierre Bergé, de la Fondation Bettencourt Schueller et de la Fondation St-Gobain permettent la réouverture officielle de la Villa Kujoyama le 4 octobre 2014. 

Ce jour-là, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du Développement International, ainsi que Daisaku Kadokawa, Maire de Kyoto, sont présents. La princesse impériale Akiko de Mikasa, fille aînée d’un cousin de l’empereur Akihito du Japon, fait aussi l’honneur de sa présence à l’évènement. 


2014 – Aujourd'hui

Une dynamique dédiée aux métiers d’art, à la pluridisciplinarité et aux échanges artistiques, avec le soutien de la Fondation Bettencourt Schueller

En 2014, la Villa Kujoyama devient la première résidence d’artistes française à élargir son programme aux métiers d’art. C’est la Fondation Bettencourt Schueller, mécène de la Villa depuis 2014, qui est à l’initiative de cette ouverture : comme une évidence, au Japon, là où le geste et sa maîtrise bénéficient d’une reconnaissance unique. 

Dans les années qui suivent, la Villa est portée par des orientations renouvelées et une programmation élargie à de nouvelles disciplines, sous l’impulsion des trois directions qui s’y succèdent : 

2014 – 2017 : Christian Merlhiot et Sumiko Oé-Gottini
2017 – 2022 : Charlotte Fouchet-Ishii
2022 – Aujourd’hui : Adèle Fremolle 

2014 : La création du programme “Kujoyama Duo”

 

En 2014, en plus de l’intégration des métiers d’art, la Villa Kujoyama crée le programme « Kujoyama Duo ». Ce dispositif permet à un candidat français ou étranger qui réside en France depuis au moins 5 ans de développer un projet de collaboration avec un candidat japonais résidant au Japon, pour une résidence de 4 mois. Cette initiative est dédiée à renforcer la position de la Villa Kujoyama en tant que lieu de rencontres entre les artistes français et japonais.  

2016 : L'entrée dans le réseau ¡ Viva Villa !

¡ Viva Villa ! est un réseau de résidences artistiques françaises à l’étranger créé en 2016 par la Casa de Velázquez (Madrid), la Villa Kujoyama (Kyoto) et la Villa Médicis (Rome), rejointes en 2023 par la Villa Albertine (États-Unis). En 2023, ¡Viva Villa! évolue d’un format de festival à celui de plateforme de soutien à la création contemporaine à travers deux dispositifs : un fonds de soutien et une journée professionnelle. ¡Viva Villa! promeut dans toute la France le travail des artistes, chercheurs et créateurs passés par son réseau de résidences. Site officiel de ¡Viva Villa ! : https://www.vivavilla.info/  

2017 : Le lancement de l’accompagnement post-résidence

Souvent, la résidence constitue pour les lauréats un point de départ à de nombreux projets et collaborations en France, au Japon ou ailleurs. C’est pourquoi la Villa Kujoyama a mis en place le programme “post-résidence” depuis 2017. Pendant une durée de cinq ans après la fin de la résidence, la Villa Kujoyama continue de fournir un accompagnement personnalisé aux lauréats : mises en relation avec des professionnels, prospection d’opportunités de diffusion, soutien pour revenir au Japon et poursuivre leurs recherches, etc.  

Plus d’infos au lien suivant : https://villakujoyama.jp/post-residence/  

La Villa Kujoyama fête ses 30 ans

En 2022, la Villa Kujoyama a célébré ses 30 ans en France et au Japon. Une soirée de célébration s'est tenue le 15 novembre 2022 au Palais de Tokyo, en présence de la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, et de nombreux invités. Au Japon, la célébration s’est déroulée tout au long de l’année : au printemps, à travers l’exposition "Synchronicity” au Kyoto Art Center et la Villa Kujoyama, puis à l’automne durant la Nuit Blanche KYOTO, festival co-organisé par la ville de Kyoto et l’Institut français du Kansai, qui a mis en valeur de nombreux lauréats dans sa programmation. Cette année commémorative s’est achevée sur un événement de célébration mêlant programmation artistique et temps de convivialité entre les partenaires de la Villa Kujoyama, la présidente de l’Institut français Eva Nguyen Binh, et le maire de Kyoto Daisaku Kadokawa.

2024 – 2025 : Année de célébration des métiers d’art

En 2024, la Villa Kujoyama a fêté les 10 ans de l’introduction de la discipline “métiers d’art” au sein de son programme de résidence grâce au soutien de son mécène principal, la Fondation Bettencourt Schueller. Acteur engagé pour le rayonnement et la préservation des savoir-faire, la Fondation apporte également un soutien structurant au fonctionnement et aux activités culturelles de la Villa Kujoyama.